mérou goliath

Nom scientifique Epinephelus itajara
Descripteur Lichtenstein
Année description 1822
Statut IUCN VU
Famille Serranidae
Genre Epinephelus
Epinephelus itajara Epinephelus itajara

Introduction

Le mérou goliath est une espèce marine vivant en eau de mer tropicale et subtropicale. Elle est répertoriée dans l'ouest de l'océan Atlantique, y compris dans la mer des Caraïbes. De rares populations semblent présentes dans les îles de Macronésie (Açores, Canaries, Cap-Vert).

Une espèce proche est présente dans l'est du Pacifique, Epinephelus quinquefasciatus. Avec ce dernier, ainsi que le mérou géant Epinephelus lanceolatus et le mérou malabar Epinephelus malabaricus, il fait partie des plus grands poissons osseux répertoriés. Placés au sommet de la chaine alimentaire, ces mérous sont considérés comme les superprédateurs de leurs écosystèmes, ce qui en font des espèces sentinelles.

Le mérou goliath est une espèce qui intéresse particulièrement les pêcheurs sportifs. Ces poissons sont normalement relâchés après une capture. Ils sont tout de même considérés comme vulnérables selon l'IUCN. Comme ces animaux sont sédentaires et ne fuient pas en présence de l'Homme, ils sont la cible facile des pêcheurs au harpon. Outre les captures fréquentes d'animaux matures, les juvéniles rencontrent de nombreuses difficultés dans leurs écosystèmes de prédilection : les mangroves. Ces dernières sont globalement affectées par diverses pollutions, quand elles ne sont pas simplement détruites à cause de l'urbanisation des côtes.

Bien que généralement inoffensif, certains individus suivent les plongeurs et auraient déjà mordu pour défendre leur territoire.

Qui est-il ?

Le genre Epinephelus

En 2019, le genre Epinephelus comprend 87 espèces selon FishBase. Ces poissons sont communément appelés "mérou" et appartiennent au "groupe" des serrans (Serranidae).

Ce sont des carnassiers territoriaux au corps allongé et robuste. La tête est imposante, la mâchoire contient des canines sur l'avant. La bouche est protractile. Toutes les espèces possèdent 10 ou 11 épines dorsales.

La plupart des espèces se rencontrent dans les récifs coralliens ou rocheux à quelques exceptions près (E. aeneus, E. bruneus ou encore E. areolatus) qui vivent dans les fonds sableux, limoneux ou boueux. Les adultes sont généralement observés entre 10 et 200 mètres de profondeur. La majorité des Epinephelus sont reconnus comme hermaphrodites protogynes, c'est-à-dire qui naissent femelles et deviennent mâles en grandissant. Il se pourrait cependant que toutes les femelles ne changent pas de sexe et que certains mâles ne passent pas par ce stade communément admis.

Ces poissons, très prisés commercialement pour la consommation et la pêche récréative, sont vulnérables à la surpêche en raison de leur croissance lente, de leur maturité tardive et de la formation d'agrégations de reproduction. La surpêche, particulièrement ciblée sur les individus matures, peut entraîner des déséquilibres de sex-ratio et affecter la reproduction. Plusieurs mérous font à présent l'objet de fermes d'aquaculture (en particulier E. coiodes et E. malabaricus).

Selon l'IUCN, la surpêche et la pollution ont déjà entraîné une chute importante des populations de nombreux mérous et plusieurs espèces sont en danger d'extinction.

Morphologie

  • Taille moyenne
    150 cm
  • Taille maximale
    250 cm
  • Longévité
    37 ans
  • Motif
    marbrures
  • Taille moyenne
    150 cm
  • Taille maximale
    250 cm
  • Longévité
    37 ans
  • Motif
    marbrures

Comment reconnaître le mérou goliath ?

Epinephelus itajara mesure autour de 150 cm. Le plus gros spécimen péché mesurait 250 cm pour 320 kg. Ce poisson est bicolore avec un corps majoritairement marron/gris et blanc/ beige, ovale et massif. La tête est parsemée de petits points noirs. La bouche est large et protractile.

Les deux nageoires dorsales sont collées et s'étendent de la tête au pédoncule caudale. Les 11 à 12 premiers rayons sont petits et suivis de rayons plus allongés formant une nageoire arrondie. Les nageoires pectorales, pelviennes, anale, et caudale sont rondes et de la même couleur que le corps.

Différences entre mâles et femelles

Il semblerait qu'en dessous de 80 cm, tous les mérous goliath soient des femelles. Au-dessus de cette taille, ils sont soit mâles, soit femelles sans dimorphisme apparent.

 

Mode de vie & Comportement

  • régime
    carnivore
  • Sociabilité
    solitaire
  • territorialité
    Oui
  • Rythme biologique
    Diurne

Le mérou goliath chasse à l'affût et fait partie des grands prédateurs de son biotope. Opportuniste, il n'hésite pas à attaquer tout animal de plus petite taille se trouvant à portée. Cette espèce est peu active et se nourrit essentiellement de proies nageant lentement.

Ce poisson solitaire à l'âge adulte évolue au-dessus des fonds rocheux et des zones coralliennes, mais également dans les zones vaseuses et proches des estuaires. Il a en réalité peu d'impacts sur la faune, étant un prédateur lent avec des populations très dispersées. Il se nourrit principalement de crustacés, en particulier les langoustes. Il chasse aussi des tortues et des poissons, y compris les raies pastenagues.

Le mérou goliath est connu pour être un animal territorial sédentaire. Il est généralement positionné à proximité d'une grotte, d'un refuge ou d'une épave. En cas d'intrusion, il adopte une attitude menaçante en ouvrant la bouche et faisant trembler son corps. Les relations entre congénères sont aussi mouvementées, chacun cherchant à sécuriser sa zone de vie.

Reproduction

  • Mode de reproduction
    ovipare
  • Hermaphrodite
    protogyne

Epinephelus itajara est un poisson ovipare. Bien que l'espèce soit probablement protogyne, certaines données semblent incohérentes concernant cette théorie. Une étude menée sur 481 individus montre une répartition des tailles entre 80 et 206 cm pour les mâles et 34 et 216 cm pour les femelles. Il semble donc que les individus en dessous de 80 cm soient toujours des femelles et qu'ensuite une partie seulement des individus changent de sexe.

La maturité sexuelle est atteinte vers 5-6 ans pour une taille de 110 cm. Une étude montre que la taille de maturité sexuelle des mâles est atteinte à 115 cm en moyenne pour 122 cm pour les femelles. Ce qui là encore met à mal la théorie de l'hermaphrodisme protogyne.

Risques pour l'Homme

  • Venimeux
    Non
  • Morsure
    Oui

Les plus grands individus protègent avec attention leurs territoires. Des mérous goliath ont déjà été observés en train de suivre des plongeurs en adoptant des attitudes menaçantes et en ouvrant grand la bouche. Il est conseillé d'éviter de trop approcher ces poissons et de rester vigilent en cas de rencontre.

De la même façon, ces mérous peuvent infliger des blessures importantes à des pêcheurs mal préparés, ou mordre des pêcheurs au harpon qui gardent leurs prises à proximité du corps.

D'où vient-il ?

Présence géographique & État des populations

Cette espèce subit une pression importante de la pêche récréative et intensive, sa population, considérée comme vulnérable d'après l'IUCN, est en constant déclin. Sans mesures internationales collectives, cette espèce pourrait rapidement être en danger critique d'extinction. Les observations locales récentes montrent que cette espèce n'est plus pêchée ni observée en Afrique de l'Ouest ou en Guadeloupe.

Étant un superprédateur, le rôle de régulateur est primordiale dans les écosystèmes qu'il fréquente. La disparition ou raréfaction de cette espèce provoquerait probablement une dégradation de la biodiversité par effet domino. Cette espèce est considérée comme un bio indicateur dans son milieu. La présence du mérou goliath donne une idée positive de la richesse de son environnement. Ce poisson permet aussi de réguler des espèces invasives comme Pterois volitans (rascasse volante).

La raison de son déclin est essentiellement lié à l'activité de pêche, qu'elle soit sportive ou industrielle. La diminution du nombre d'individus semble avoir débuté dans les années 50. Dans les années 70, l'espèce est devenue rare sur les cotes du Belize ainsi que du Brésil. Dans les années 90, la population de Golfe du Mexique avait déjà diminué de plus de 90%. L'espèce étant peu farouche, sa capture est très aisée en chasse sous-marine et une zone peut être vidée de tous les individus en très peu de temps. Ce facteur combiné à une croissance lente, un taux de renouvellement de la population faible et un fort intérêt commercial fort en font une espèce particulièrement vulnérable.

Une autre raison du déclin de l'espèce est la destruction de son habitat et notamment des zones de mangrove, indispensables aux juvéniles. Les causes sont multiples, on compte ainsi les pollutions de l'eau liées aux activités humaines comme le mercure ou encore les énergies fossiles. De façon plus anecdotique, cette espèce est ciblée comme responsable de la mauvaise pêche de poissons et crustacé et de ce fait des diminutions de la population sont organisées.

Des actions locales, comme des tailles réglementaires de pêches, sont parfois mises en place mais ces initiatives sont encore peu connectées et ne permettent pas encore d'inverser la tendance actuelle.

Quel est son habitat ?

Caractéristiques du milieu naturel

  • Température
    23 - 28 °C
  • Profondeur
    0 - 100 m

Présentation du biotope

On retrouve le plus souvent Epinephelus itajara à une profondeur comprise entre 0 et 100 m. Il n’est cependant pas impossible de retrouver cette espèce à d’autres profondeurs.

Cette espèce fréquente différents types de milieux, les zones rocheuses, sablonneuse, récifs, mangroves, estuaires. Les larves sont pélagiques pendant 50 jours en moyenne, puis migrent vers les zones côtières et particulièrement les mangroves, notamment les zones de palétuvier rouge (Rhizophora mangle).

Les juvéniles sont euryhalins et résistent à des salinités très basses. Ce n'est qu'une fois mature qu'ils rejoindront les eaux plus profondes. Les adultes privilégient les zones coralliennes et surtout les reliefs importants comme les épaves ou les tombants. Sédentaires, les adultes affectionnent les espaces riches en cavités et reliefs variés leur permettant de chasser, de se cacher et de dormir.

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Sources & Réalisation

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Adrien Falzon

Adrien Falzon

Benoit Chartrer

Benoit Chartrer

Références bibliographiques

Mercury and histopathology of the vulnerable goliath grouper, Epinephelus itajara, in U.S. waters: a multi-tissue approach - Douglas H Adams - Christian Sonne - Elsevier Ltd - 2013.

The influence of spear fishing on species composition and size of groupers on patch reefs in the upper Florida keys - Sluka RD - Sullivan KM - department of biology, University of Miami - 1998.

The Effects of Fishing, Climate Change, and Other Anthropogenic Disturbances on Red Grouper and Other Reef Fishes in the Gulf of Mexico - Felicia C Coleman - Christopher C Koenig - Oxford University press - 2010.

Le mérou géant (Epinephelus itajara) Synthèse bibliographique - David Fransolet - Université des Antilles et de la Guyane - 2014.

Preliminary investigations of reproductive activity of the Jewfish, Epinephelus itajara (Pisces: Serranidae) - Patrick L. Colin - Caribbean Marine Research Center - 1990.

Historical declines of goliath grouper populations in South Florida, USA. - Loren McClenachan - Inter-Research Science Publisher - 2009.

FAO Species Catalogue. Vol. 16. Groupers of the world (family Serranidae, subfamily Epinephelinae). - Heemstra, P.C - J.E. Randall - FAO Fisheries Synopsis - 1993.

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Modèle de fiche et contenu © Fishipedia - Reproduction non autorisée sans demande préalable - ISSN 2270-7247 - Dernière mise à jour le 12/11/2023

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