mérou gateau

Nom scientifique Epinephelus merra
Descripteur Bloch
Année description 1793
Statut IUCN LC
Famille Serranidae
Genre Epinephelus
Epinephelus merra Epinephelus merra

Introduction

Le mérou gateau, Epinephelus merra, aussi appelé mérou nid d'abeille, gâteau de cire, loche rayon de miel (en Polynésie Française et Nouvelle-Calédonie) ou macabit (à la Réunion), est un cousin tropical du mérou brun. Cette espèce fait partie des plus petits poissons de son groupe, caractéristique qui a fait de lui l'un des mérous les plus étudiés dans le monde. Les études portent principalement sur le mode de reproduction hermaphrodite propre à ces espèces.

Qui est-il ?

Le genre Epinephelus

En 2019, le genre Epinephelus comprend 87 espèces selon FishBase. Ces poissons sont communément appelés "mérou" et appartiennent au "groupe" des serrans (Serranidae).

Ce sont des carnassiers territoriaux au corps allongé et robuste. La tête est imposante, la mâchoire contient des canines sur l'avant. La bouche est protractile. Toutes les espèces possèdent 10 ou 11 épines dorsales.

La plupart des espèces se rencontrent dans les récifs coralliens ou rocheux à quelques exceptions près (E. aeneus, E. bruneus ou encore E. areolatus) qui vivent dans les fonds sableux, limoneux ou boueux. Les adultes sont généralement observés entre 10 et 200 mètres de profondeur. La majorité des Epinephelus sont reconnus comme hermaphrodites protogynes, c'est-à-dire qui naissent femelles et deviennent mâles en grandissant. Il se pourrait cependant que toutes les femelles ne changent pas de sexe et que certains mâles ne passent pas par ce stade communément admis.

Ces poissons, très prisés commercialement pour la consommation et la pêche récréative, sont vulnérables à la surpêche en raison de leur croissance lente, de leur maturité tardive et de la formation d'agrégations de reproduction. La surpêche, particulièrement ciblée sur les individus matures, peut entraîner des déséquilibres de sex-ratio et affecter la reproduction. Plusieurs mérous font à présent l'objet de fermes d'aquaculture (en particulier E. coiodes et E. malabaricus).

Selon l'IUCN, la surpêche et la pollution ont déjà entraîné une chute importante des populations de nombreux mérous et plusieurs espèces sont en danger d'extinction.

Morphologie

  • Taille moyenne
    20 cm
  • Taille maximale
    32 cm
  • Taille moyenne
    20 cm
  • Taille maximale
    32 cm

Comment reconnaître le mérou gateau ?

Epinephelus merra mesure en moyenne en 20 et 32 cm et ne dépasse pas le kilo. Les records de tailles et poids de 36 cm pour 1 kilo. Cette espèce, considérée comme une des plus petites espèces de mérous, présente une silhouette commune aux autres mérous, avec un corps robuste, ovale et aplati latéralement. Le corps, généralement blanc crème à brun clair, est recouvert d’hexagones aux teintes variables allant du brun ou marron foncé, formant une structure alvéolaire, dit « en nid d’abeille ». Ces tâches sont plus petites, plus arrondies et plus espacées dans la partie ventrale. Certains de ces hexagones peuvent fusionner pour former des courtes rangées horizontales. Dans certains cas, des différences de colorations entre les hexagones est possible, de cette façon le corps pourra présenter des barres obliques irrégulières en travers du corps, plus ou moins foncées, et approximativement visibles. Pouvant aller jusqu’au nombre de 5 ou 6 (4 ou 5 sur les flancs, la dernière sur le pédoncule caudale). Les taches brunes caractérisant la livrée sont plus petites et plus arrondies sur la tête. Occasionnellement, des séries de taches plus foncées peuvent former une sorte de calotte brune sur la nuque, une barre dans l’espace inter orbitaire, ou une barre qui relie la partie antérieure des yeux au bout du museau, lèvres comprises.

La livrée des juvéniles ne diffère pas de celle des adultes, les taches sont proportionnellement moins nombreuses, plus rondes et plus grosses. La structure alvéolaire est davantage lâche avec une surface occupée par la couleur de fond plus importante.

L’espèce présentera également une livrée nocturne, caractérisée par des blanchissements, par plaques et/ou zones blanchâtres, aux formes variables, sur la tête et le haut des flancs. Livré pouvant être identique à la livrée diurne, si le poisson n’est pas stressé.

Les nageoires pectorales sont couvertes de petites taches brunes, distinctes et alignées sur les rayons (= critère le plus simple et le plus facile à observer pour identifier à coup sûr cette espèce). Les deux nageoires dorsales, communément aux autres mérous, sont reliés et s’étendent de la tête au pédoncule caudale. Les 11 premiers rayons sont courts et épineux, suivis de 15 à 17 rayons mous, formant une nageoire arrondie. La nageoire anale se compose de 3 rayons épineux et 8 rayons mous. La nageoire caudale est arrondie.

Le bord supérieur de l’opercule est presque droit, et l’extrémité postérieure, pointue, est armée de 3 épines. Comme chez ses cousins, les écailles latérales sont cténoïdes, rendant la peau rugueuse.

Différences entre mâles et femelles

Le dimorphisme chez cette espèce se fera essentiellement par la taille. Les mâles dominants sont plus robustes et imposants que les femelles.

Mode de vie & Comportement

  • régime
    carnivore
  • Sociabilité
    solitaire
  • territorialité
    Oui
  • Rythme biologique
    Diurne

Solitaire à l’âge adulte, le Mérou gateau vit dans les récifs côtiers et au large, en dérivant près du fond, à mi-profondeur, ou parfois posé en appui sur les pectorales. Également très commun dans les lagons peu profonds et les récifs protégés des bords de mer. Plus jeune, il fréquentera aussi les zones de récifs, et sera notamment communs parmi les coraux cornes de cerf (Acropora staghorn).

Ce poisson ne fait pas exception parmi les autres mérous, territoriale et sédentaire, cette espèce occupe un secteur bien délimité, à proximité de récifs ou refuge. Comme tous ces homologues, les mâles n’apprécient guère la présence d’autres mâles dominants dans leur zone de vie. Relativement farouche avec l’être humain, ce poisson se cache facilement dans les coraux, en se plaquant contre un relief à l’approche d’un observateur.

C’est un prédateur vorace, carnivore et strictement benthique, qui chasse le plus souvent de nuit et à l’affut. Il s’attaquera aux espèces, selon leur taille, se trouvant à sa portée. Les juvéniles se nourrissent essentiellement de crustacés, et plus occasionnellement de petits poissons. Une augmentation de la piscivorie, en contrepartie des crustacés, se fera graduellement avec l’âge, et ce, jusqu’à l’âge adulte. Stade auquel leur régime alimentaire sera constitué quasi exclusivement de poissons. Mais étant opportuniste, il ne délaissera pas de potentielle proie, comme des invertébrés ou des céphalopodes, passant à proximité de sa cachette.

Pour s’alimenter, il se sert de ses mâchoires protractiles pour gober des proies passant à sa portée. Dans de rares occasions, lorsque ses proies habituelles se font rares, il pourrait être amené à se montrer cannibale.

Pour de nombreuses espèces de mérous, des cas de comportement de chasse associé sont référencés. Des exemples d’association temporaire entre mérous et poulpes ou murènes, en vue de chasse collaboratives, sont nombreuses. Cette collaboration leur permet de multiplier les prises pour chacun des camps, en prenant en tenaille les proies chassées : poulpes et murènes iront chasser dans les crevasses et recoins inaccessibles aux mérous, et feront sortir des proies faciles pour ces derniers. Cette chasse stationnaire des mérous en sortie de gites/cachettes, fera retourner les proies non capturées dans leurs abris où sont stationnés les poulpes et murènes.

Ce comportement associatif est suscité par le mérou, par l’utilisation de signaux spécifiques : comme des gigotements de tout son corps devant le trou de la murène ou le poulpe, les incitera à l’accompagner chasser. Une fois en chasse, une posture verticale des mérous, tête en base, accompagnée de mouvements saccadés de la tête, signalera l’abri d’une proie.

Les études actuelles sur les chasses collaboratives des mérous n’ont encore jamais impliqué E. merra à notre connaissance. Cependant, il a pu être observé et photographié des associations identiques de cette espèce avec le poulpe de récif (Octopus cyanea) ou la murène tatouée (Gymnothorax griseus) à La Réunion.

Reproduction

  • Mode de reproduction
    ovipare qui pond en eau libre
  • Hermaphrodite
    protogyne

Epinephelus merra est un poisson ovipare, qui se reproduira lors d’agrégations de frai, se déroulant généralement en dehors de leurs récifs d’origine. La saisonnalité de ces agrégations varie énormément selon le cadre géographique, par exemple : en Inde, elles ont lieu d'aout à octobre ; en Micronésie, de mars à avril ; en Nouvelle-Calédonie, de septembre à février ; en Polynésie, de janvier à avril ; Dans les eaux japonaises de mai à aout, etc. Ces périodes de frai ont lieu l’été (selon l’hémisphère), sur une durée de 3 à 4 jours, avec des pics autour de la pleine lune. Lors de ces agrégations, les mâles courtisent les femelles de jour, et les accouplements ont lieu le soir. Pour l’accouplement, le couple fait une ascension rapide dans la colonne d’eau et libère ses gamètes au sommet de cette montée. La ponte a donc lieu en eau libre, avec une fertilisation externe. Les œufs et les larves sont pélagiques. Aucune protection de ponte n’est assurée par les parents, de même que les soins parentaux, comportement absent chez cette espèce.

L’espèce est hermaphrodite, protogyne et monandrique, ce qui signifie que tous les individus sont des femelles à la naissance et que certains d’entre eux deviendront des mâles. La période à laquelle se produit le changement de sexe de femelle à mâle n’est pas liée à un cycle saisonnier. Mais plutôt pour répondre à des critères écologiques ou biologiques au sein des populations, comme la nécessité de mâles pour la reproduction. Chez cette espèce, les changements de sexe se produisent autour de 18 à 20 cm, les individus ayant alors entre 3 et 5 ans.

Chez le mérou gateau, la maturité sexuelle des femelles est atteinte autour de 16 cm, soit aux alentours de 2 ans. Les mâles, quant à eux, seront matures rapidement après la transition de sexe.

Des études expérimentales ont permis d'en apprendre plus sur les pontes et les caractérisations des œufs. Ces derniers sont sphériques et flottants, ils mesurent entre 0,71 et 0,73 mm de diamètre. Les larves éclosent au bout d’une durée de 24 à 27 heures, correspondant au développement embryonnaire. Elles mesurent alors 1,5 mm en moyenne. Deux mois plus tard, elles se transformeront en juvéniles de 4,5 cm. Une étude en milieu naturelle, basé sur les otolithes, à démontrer que cette durée de vie larvaire pouvait être ramenée à environ 1 mois pour les plus précoces.

Espèce inoffensive

Cette espèce ne présente par de danger particulier pour l'Homme en cas de rencontre dans son milieu naturel.

En revanche, elle est considérée comme un vecteur potentiel de la ciguatera (Intoxication alimentaire liée à la consommation de poissons des récifs coralliens contaminés par une microalgue (Gambierdiscus toxicus) de la famille des Dinoflagellés qui colonise les coraux morts). Étant consommer localement dans certaines régions du globe, un tel risque reste présent avec cette espèce.

D'où vient-il ?

Présence géographique & État des populations

Epinephelus merra est présent dans les zones tropicales et subtropicales de l’Indo-Pacifique, entre 35°N et 35°S. Avec une limite ouest dans l’Océan Indien au sud de l’Afrique, et une limite est dans le Pacifique centre au niveau de la Polynésie Française et des îles Pitcairn. Distribution couvrant de nombreuses îles et région comme Madagascar, les Mascareignes et les Seychelles, Mayottes, l’Inde et le Sri Lanka, les Maldives, la Thaïlande ou encore l’Australie. La limite nord de son aire de répartition si situe au niveau du sud du Japon, dans les eaux d’Okinawa. Bien que présente dans l’océan Indien, cette espèce n’est pas connue de la mer Rouge et du golfe Persique.

Elle est commune dans l’ensemble de son aire de répartition, hormis le long de la côte est Africaine.

Accidentellement, elle pourra être retrouvée à d’autres endroits du globe, par exemple en méditerranée ou un spécimen a été observé au début des années 2000 proche de Marseille, probablement échappée d’aquarium.

C’est une espèce avec une vulnérabilité faible à modérée, notamment face à la pression exercée par les pêcheries. Bien qu’étant importante dans ces pêcheries, surtout artisanales, en raison de son abondance dans les eaux peu profondes, elle ne subit pas de menace majeure au niveau mondiale à l’heure actuelle. Aujourd’hui, ces populations étant considérées comme stable, elle est classée dans la catégorie « préoccupation mineure » (LC), selon l’IUCN.

Cependant, étant la cible de pêcheries à petite échelle, des déclins localisés sont toujours possibles et plus ou moins référencés. Par exemple à Mayotte et la Réunion, ou elle est classée dans la catégorie quasi menacée, NT. Il est donc recommandé de surveiller les populations exploitées, en particulier lorsque les agrégations de frai peuvent être ciblées par les pêches.

Où retrouver cette espèce (aquarium) ?

Quel est son habitat ?

Caractéristiques du milieu naturel

  • Profondeur
    0 - 50 m

Présentation du biotope

Le mérou gateau évolue dans des eaux peu profondes, le plus souvent dans les 50 premiers mètres sous la surface, et majoritairement dans les 20 premiers mètres.

C’est une espèce qui vit près du fond, elle fréquentera différents types de milieux au cours de sa vie. Les juvéniles eux sont inféodés aux coraux du genre Acropora. Adulte, il se rencontre communément dans les lagons peu profonds et les récifs semi-protégés au large, il préférera des fonds rocheux ou coralliens, riches en biodiversité, cavités et reliefs. Mais pourra également être rencontré dans des zones semi-sableuse.

Ne faisant pas exception parmi les mérous, cette espèce occupe un secteur bien délimité. Sédentaire, il passera sa vie entière, limité à une aire de répartition relativement restreinte au sein de son récif d’origine.

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Benoit Chartrer

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Adrien Falzon

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Achille Lenglin

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Références bibliographiques

FAO Species Catalogue. Vol. 16. Groupers of the world (family Serranidae, subfamily Epinephelinae). - Heemstra, P.C - J.E. Randall - FAO Fisheries Synopsis - 1993.

GUIDE D’IDENTIFICATION DES POISSONS MARINS, EUROPE ET MÉDITERRANÉE - LOUISY Patrick - Ulmer - 2002.

Coastal fishes of the western Indian ocean, Volume 3 - Heemstra, P. C. - Heemstra, E. - D. A. Ebert - Holleman, W. - J.E. Randall - South African Institute for Aquatic Biodiversity - 2022.

Embryonic and larval development of honeycomb grouper Epinephelus merra Bloch - I Jagadis - Boby Ignatius - D Kandasami - Md Ajmal Khan - Aquaculture Research - 2006.

Fish choose appropriately when and with whom to collaborate - Alexander L. Vail - Andrea Manica - Redouan Bshary - Elsevier Ltd - 2014.

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Modèle de fiche et contenu © Fishipedia - Reproduction non autorisée sans demande préalable - ISSN 2270-7247 - Dernière mise à jour le 12/11/2023

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