badèche bonaci

Nom scientifique Mycteroperca bonaci
Descripteur Poey
Année description 1860
Statut IUCN NT
Famille Serranidae
Genre Mycteroperca
Mycteroperca bonaci Mycteroperca bonaci

Introduction

La Badèche de bonaci (Mycteroperca bonaci) est un poisson de mer des eaux chaudes commun à occasionnel dans les récifs. Il est répertorié dans l'Atlantique tropical ouest, de la Caroline du Nord au sud du Brésil. Il est également retrouvé sous de multiples autres noms comme la Vieille à carreaux ou noire, le Sébaste noir ou marbré et le Mérou bonaci ou noir. Attention, d'autres espèces sont parfois appelés mérous noirs, notamment le mérou bâtard (Mycteroperca microlepis), le mérou brumeux (Hyporthodus mystacinus) et le mérou de Varsovie (Epinephelus nigritus), qui est une espèce en danger critique d'extinction.

Autrefois, c’était l’espèce de mérou de grande taille la plus abondante dans les eaux chaudes peu profondes. Aujourd’hui, victime de pêcheries commerciales et récréatives, pour sa chair réputé de bonne qualité, il est devenu plus rare dans les basfonds. Jusqu’à être considéré comme quasi menacée (« NT »), par l’IUCN.

Qui est-il ?

Le genre Mycteroperca

Le genre Mycteroperca appartient à la famille des Serranidae et totalise 15 espèces. Ce sont des mérous, nom vernaculaire attribué aux espèces de la sous-famille des Epinephelinae, représentant un riche assemblage de poissons de récif. Le genre est présent globalement dans les eaux tropicales et subtropicales de l'océan Atlantique et de l'océan Pacifique est. Tout comme les autres mérous, les espèces du genre Mycteroperca sont des prédateurs. Ce sont des espèces convoitées par les pêcheurs.

La hiérarchie taxonomique depuis l'espèce jusqu'à la famille chez les mérous a subi de nombreux changements et des incohérences demeurent encore aujourd'hui. Bien qu'étant insuffisante, l'utilisation d'analyse moléculaire phylogénétique a contribué significativement à éclaircir les relations qui lient les mérous entre eux en termes de classification. Actuellement, la construction de ces relations s'approche plus d'un éventail de schémas taxonomiques cohérents fondés sur les principes de la systématique phylogénétique.

Au sein des mérous, le genre Mycteroperca se distingue des autres grâce à de légères différences morphologiques. Tout d'abord, avec le genre Epinephelus, dont il est le plus similaire, ce sont les seuls à posséder 10 ou 11 rayons épineux dorsaux et à ne pas avoir de ptérigiophore triségmenté (partie centrale de la nageoire dorsale à trois segments). Mycteroperca fut distingué de son cousin par son plus grand nombre de rayons sur la nageoire anale (10-13 pour Mycteroperca contre 7-10 pour Epinephelus), la profondeur de son corps et la forme de sa nageoire caudale.

Les espèces du genre Mycteroperca sont hermaphrodites protogynes. C'est un cas d'hermaphrodisme séquentiel où le poisson nait avec des tissus femelles fonctionnels. Lorsque les tissus mâles se développent, la femelle change de sexe et devient un mâle dit "secondaire".

Morphologie

  • Taille moyenne
    70 cm
  • Taille maximale
    150 cm
  • Longévité
    35 ans
  • Motif
    marbrures
  • Taille moyenne
    70 cm
  • Taille maximale
    150 cm
  • Longévité
    35 ans
  • Motif
    marbrures

Comment reconnaître le badèche bonaci ?

Mycteroperca bonaci mesure autour des 70 cm. Il peut atteindre des tailles avoisinant les 150 cm pour plus de 100 kg. Ce poisson est bicolore, avec un corps, allongé et robuste, majoritairement gris olive à blanchâtre, recouvert de formes hexagonales foncées sur la tête et les flancs. Parfois certaines taches se rejoignent pour former des stries horizontales en forme de chaîne. Le dos présente de grandes taches rectangulaires marron à gris foncé, avec des bords presque droit et cernées de blanc à gris clair. Bien que généralement dans cette teinte, le corps peu foncé ou pâlir jusqu’à ce que les marques deviennent quasiment indistinctes.

Contrairement à l’adulte, le juvénile présente souvent, sur l’intégralité du corps, de grandes taches brune rougeâtre entourées de blanc.

Les deux nageoires dorsales sont collées et s’étendent de la tête au pédoncule caudale. Les 11 premiers rayons courts et épineux, suivis de 15 à 17 rayons mous, plus allongés, formant une nageoire arrondie. Les bords des nageoires pelviennes, de la deuxième dorsale, de la nageoire anale et caudale sont arrondis, a tronqué pour la caudale, et noirs, parfois bordées d’un fin liseré blanc. Les nageoires pectorales sont d'un brun foncé, devenant progressivement plus clair sur le bord.

Différences entre mâles et femelles

La Badèche de bonaci est un hermaphrodite protogyne, cela signifie que tous les poissons naissent femelles (les organes femelles viennent à maturité avant les organes mâles). Au cours de leur vie, certains individus auront l’occasion de changer de sexe et de devenir mâle. Les mérous qui passent par ce processus le font vers l’âge de 15 ans et des longueurs comprises entre 85 et 125 cm.

On pourrait donc déceler un dimorphisme de taille entre les jeunes femelles (avant leurs 15 ans et mesurant moins de 85 cm), et les mâles. Passé cette taille, et de cet âge, ils seront soit mâles, soit femelles, soit en transitions, et ce, sans dimorphisme de taille apparent.

De plus, il semblerait que les individus mâles et ceux en transition, présenteraient une pigmentation noire spécifique sur les nageoires pectorales, anales et caudales. Moins de 5 % des femelles présenteraient déjà cette pigmentation particulière lorsqu'elles atteignent la taille moyenne de changement de sexe, de 100 cm.

Mode de vie & Comportement

  • régime
    carnivore
  • Sociabilité
    solitaire
  • territorialité
    Oui
  • Rythme biologique
    Diurne

Cette espèce a tendance à facilement se stresser : ce mal-être se caractérise par l'apparition de barres noires marquées sur l'ensemble de son corps.

Solitaire à l’âge adulte et au tempérament calme, la Badèche de bonaci évolue dans les récifs, en dérivant près du fond, parfois posé, ou à mi-profondeur au-dessus des fonds rocheux ou coralliens et des tombants, en nageant lentement. Plus jeune, il fréquentera également des zones sableuses, des herbiers marins, et pourra s’aventurer proches des estuaires et des mangroves. C’est une espèce territoriale et sédentaire qui occupera un secteur bien délimité, souvent à proximité de grotte ou refuge. Il ne tolère aucune incursion dans sa zone de vie. Particulièrement virulente contre ses voisins territoriaux, cette espèce peut provoquer des combats musclés. Les relations entre congénères sont fréquemment mouvementées, chacun cherchant à sécuriser sa zone de vie.

Bien que solitaire, cette espèce a été enregistrée formant des agrégations saisonnières d’alimentation au large du Brésil. Regroupements qui coïncident avec les agrégations de frai de certaines espèces à leur menu.

Ce poisson fait partie des grands prédateurs de son biotope. C’est un chasseur à l’affut, carnivore et opportuniste, qui s’attaquera aux espèces, selon leur taille, se trouvant à sa portée. Les juvéniles se nourriront davantage de petits crustacés, puis de mollusques comme les céphalopodes. Les adultes, quant à eux, sont majoritairement piscivores, avec comme proies principales les Grunts (Haemulidae), les Vivaneaux (Lutjanidae) et des poissons de la famille des Harengs (Clupeidae).

Les prédateurs principaux de Mycteroperca bonaci sont certaines espèces de requins, comme le requin gris (Carcharhinus plumbeus) ou le grand requin-marteau (Sphyrna mokarran). Il sera également la cible d’autres espèces, comme le grand barracuda (Sphyraena barracuda) ou encore la murène verte (Gymnothorax funebris).

Reproduction

  • Mode de reproduction
    ovipare qui pond en eau libre
  • Hermaphrodite
    protogyne

Mycteroperca bonaci est un poisson ovipare. Il se reproduit lors d’agrégations de frai, d’octobre à juin, avec un pic entre les mois de janvier et mars. Ces périodes de regroupement ont généralement lieu proche de la nouvelle lune, avec une reproduction dans les heures suivant le coucher du soleil. Bien que se déplaçant lentement d’ordinaire, il a été répertorié que les mâles étaient amenés, lors des parades nuptiales, à nager rapidement d’avant en arrière et parallèlement. C’est une espèce qui protège sa ponte contre les prédateurs alentours.

C’est une espèce décrite comme hermaphrodite successif protogyne, et monandrique. La période à laquelle se produit le changement de sexe de femelle à mâle n’est pas liée à un cycle saisonnier. Mais plutôt pour répondre à des critères écologiques ou biologiques au sein des populations, comme la nécessité de mâles pour la reproduction. Les mérous qui passent par ce processus le font vers l’âge de 15 ans et des longueurs comprises entre 85 et 125 cm. De ce fait, toutes les femelles ne deviendront probablement pas mâles au cours de leur vie. Une étude montre que dans une cohorte d’étude, passé les 110 cm, plus de 50 % des femelles sont devenues des mâles.

La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de 5 ans pour une taille de 50 à 100 cm chez les femelles. Les mâles, quant à eux, seront matures rapidement après la transition, et ce, à des tailles de 96 à 116 cm. La durée d’une génération est estimée à 19 ans chez cette espèce.

La croissance est relativement rapide pendant les dix premières années, puis ralentit considérablement.

Espèce inoffensive

En cas de rencontre dans son milieu naturel, cette espèce ne présente pas de danger particulier pour l’Homme. Néanmoins, des cas d’intoxication à la ciguatera ont déjà été signalés suite la consommation de sa chaire.

L'empoisonnement à la ciguatera est causé par des dinoflagellés (microalgues) que l'on trouve sur des coraux ou des macroalgues morts. En se nourrissant de ces derniers, les poissons herbivores accumulent une toxine générée par ces dinoflagellés. Il s’agit d’un phénomène principalement présent dans les environnements marins tropicaux. Bien que cette espèce ne soit pas herbivore, la ciguatoxine s'accumule davantage lorsqu’elle remonte la chaine alimentaire. Par exemple, les vivaneaux et autres espèces prédatrices qui se nourrissent des petits poissons herbivores, accumulent en grande quantité cette toxine. La badèche de bonaci se nourrissant de ces derniers peut se retrouver infecter à des taux de concentrations assez élevés.

Si les niveaux accumulés de la toxine sont suffisamment élevés, ils peuvent provoquer une intoxication chez les humains qui consomment la chair de ces poissons. Les personnes empoisonnées rapportent avoir des problèmes gastro-intestinaux pendant plusieurs jours, et une faiblesse générale dans les bras et les jambes. À noter, qu'il reste assez rare d'être atteint d'un empoisonnement à la ciguatera, mais qu’aucun risque n’est exclu.

D'où vient-il ?

Présence géographique & État des populations

Mycteroperca bonaci est présent dans l'Atlantique tempéré chaud et tropical ouest. La limite nord de son aire de répartition se situe au niveau du sud de la Caroline du Nord et s’étend vers l’est jusqu’aux Bermudes. Au sud, il est répandu jusqu’à Santa Catarina au sud du Brésil. On le retrouve également dans le golfe du Mexique et la mer des Caraïbes.

Il existe des occurrences dans les eaux américaines au nord du Massachusetts, toutes correspondantes à des juvéniles et considérées comme des individus vagabonds. Quelques références font aussi mention de ce mérou dans l’Archipel des Açores, sans préciser s’il s’agit, là encore, d’individus vagabonds ou si l’espèce y est réellement implantée. Laissant le doute sur la limite Est de son aire de répartition. D’autres observations à travers le monde, comme en Australie ou en Mer Rouge, démontre qu’il a probablement été relâché par l’Homme à diverses reprises et de multiples endroits.

Il existe un interstice le long de la côte nord de l’Amérique du Sud dans sa répartition. En effet, à l’heure actuelle, aucune observation ne fait mention de cette espèce entre Paramaribo au Suriname et Maranhao au Brésil. Toutefois, rien ne stipule si cette absence de données provient d’une réelle absence de ce poisson dans cette région, ou plutôt d’un manque d’expertise soit dans l'observation, soit dans son identification.

Cette espèce subit une pression importante des pêches commerciales et récréatives sur l’ensemble de son aire de répartition, et ce notamment lors des agrégations de frai et d’alimentation. À tel point que, dans les années 1950, les débarquements commerciaux de cette espèce dépassaient ceux de toutes les autres espèces de mérou en Floride et à Cuba, et représente une part significative dans le reste de sa zone de répartition. Jusque dans les années 1970, c’était l’espèce de mérou de grande taille la plus abondante dans les eaux peu profondes. Dans les années 90, son déclin au niveau mondial était estimé à plus de 30 %. Aujourd’hui, ces populations sont considérées comme quasi menacée d’après l’IUCN, et en constant déclin. Sans mesures spécifiques, internationales et collectives, cette espèce pourrait rejoindre, comme déjà de nombreux mérous, la liste des espèces menacées et vulnérables.

Afin de limiter l’impact des pêches sur les populations et la tendance démographique de cette espèce en baisse, certaines mesures ont été établies. Pour être débarquée à des fins récréatives, la Badèche de bonaci doit mesurer au moins 55,9 cm, et plus de 60 cm pour être débarqué à des fins commerciales. Cependant, la taille moyenne de maturité se situant autour des 70 cm, les débarquer à des tailles inférieures peut être préjudiciable aux populations, car de nombreux individus n’auront peut-être pas encore eu l’occasion de se reproduire.

Outre les pêches, il existe d’autres raisons au déclin de l’espèce, comme la sensibilité des habitats de nurserie. Ces derniers sont sensibles aux impacts anthropiques sur les écosystèmes côtiers, tels que les ruissellements provenant des eaux domestiques et urbaines, ainsi que des affluents agricoles et forestiers.

De nombreuses actions locales de conservations sont mises en place dans différents pays tels qu’au Brésil, aux Bermudes et au Mexique. Mais ces initiatives étant peu connectés, elles ne permettent pas encore d’inverser la tendance actuelle.

Quel est son habitat ?

Caractéristiques du milieu naturel

  • Température
    23 - 28 °C
  • Profondeur
    60 - 250 m

Présentation du biotope

Mycteroperca bonaci évolue à des profondeurs allant de 1 à 250 m. Dans les Caraïbes, il est souvent présent à des profondeurs de 10 à 30 mètres, contrairement au golfe du Mexique, où on la rencontre normalement à des profondeurs supérieures à 30 mètres. Il n’est cependant pas impossible de retrouver cette espèce à d’autres profondeurs.

Cette espèce fréquente différents types de milieux au cours de sa vie. Les juvéniles sont euryhalins et résistent à des salinités variables. En conséquence de quoi, on les retrouvera en surface ou dans des zones peu profondes, au sein de patchs sablo-rocheux, d’herbiers marins, de mangroves, d’estuaires ou encore dans les gravats d’huîtres. Ce n’est qu’une fois mature qu’ils quitteront les eaux de surfaces, les 10 premiers mètres. Adulte, il préfèrera les fonds rocheux et les récifs coralliens, les tombants ou encore les épaves. Sédentaires, les adultes affectionnent les espaces riches biodiversité ainsi qu’en cavités, galeries et reliefs variés leur permettant de chasser, de se cacher et de dormir.

Au fur et à mesure que les individus vieillissent, ils se déplacent vers des eaux plus profondes, généralement vers des tombants, ou des récifs élevés à de forte profondeur. On retrouvera alors, associé à l’âge des individus, un gradient de profondeur.

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Sources & Réalisation

Participation & Validation

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Adrien Falzon

Adrien Falzon

Achille Lenglin

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Références bibliographiques

Reproduction in the protogynous black grouper Mexico (Mycteroperca bonaci (Poey)) from the southern Gulf of Mexico. - Brulé, T. - Renan, X. - Colás-Marrufo, T. - Hauyon, Y. - Tuz-Sulub, A. N. - Déniel, C. - Fishery Bulletin - 2003.

Confirmation of functional hermaphroditism in six grouper species (Epinephelidae: Epinephelinae) from the Gulf of Mexico - Brulé, T. - Caballero-Arango, D. - Renan, X. - Colás-Marrufo, T. - Cybium - 2016.

The living marine resources of the Western Central Atlantic. Volume 2: Bony fishes - K.E. Carpenter - FAO Fisheries Synopsis - 2002.

Poissons coralliens: identification: Floride, Caraïbes, Bahamas - Humann P. - Deloach N. - PLB - 2004.

FAO Species Catalogue. Vol. 16. Groupers of the world (family Serranidae, subfamily Epinephelinae). - Heemstra, P.C - J.E. Randall - FAO Fisheries Synopsis - 1993.

Characterization of transient multi-species reef fish spawning aggregations at Gladden Spit, Belize - Heyman, W. D - Kjerfve, B. - BULLETIN OF MARINE SCIENCE, - 2008.

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Modèle de fiche et contenu © Fishipedia - Reproduction non autorisée sans demande préalable - ISSN 2270-7247 - Dernière mise à jour le 12/11/2023

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