Quels poissons pour réaliser un aquarium d’eau de mer ?

Par Quentin Barrault, la Graineterie du petit zoo
Introduction, Benoit Chartrer, Fishipedia

Du « monde de Némo » à « Océans », les poissons des récifs exercent une profonde fascination chez la plupart d’entre nous. Pièce maîtresse d’intérieur pour tout amateur des mondes marins, l’aquarium récifal est une petite pépite esthétique et biologique.

Les comportements de leurs occupants réserveront de nombreuses surprises et pourront, le cas échéant, éveiller les consciences sur les merveilles des océans.

Attention cependant, la reproduction d’un environnement marin, avec des coraux et des espèces hautes en couleur, requiert une véritable implication et quelques connaissances au préalable. Avec un minimum d’organisation, l’expérience vous ouvrira des voies pour comprendre la biologie du monde marin et vous apportera un nouveau regard sur ces milieux.

Les différences entre espèces d’eau douce et espèces marines en terme de maintenance

Contrairement aux poissons d’eau douce, les poissons d’eau de mer ne présentent pas de difficultés particulières quant à la qualité de l’eau. L’eau de mer sous les tropiques présente globalement les mêmes caractéristiques (pH, dureté, température).

En aquarium d’eau de mer, les concentrations de poissons sont moins importantes qu’en eau douce, en raison de leur taille, (les poissons d’eau de mer sont généralement plus grands qu’en eau douce) et de leur mode d’alimentation (ils mangent plus que les poissons d’eau douce, le milieu marin étant plus riche en petits organismes/algues).

Les difficultés majeures se trouvent dans le nourrissage, la cohabitation inter et intra-spécifique et la gestion du stress.

A savoir : le commerce des poissons marins

Aujourd’hui, bien qu’un bon nombre de poissons d’aquarium soient issus d’élevage, la majorité des espèces marines sont encore prélevées en milieu naturel. Parmi celles-ci, certaines ne sont pas adaptées à la maintenance en aquarium ou sont réservées aux professionnels.

Il est donc important de bien se renseigner avant tout achat d’animaux et de ne pas céder aux achats « coup de cœur ». Il est responsable de ne pas créer de demande sur des espèces dont on sait qu’elles ne sont pas adaptées à la vie en captivité. Par exemple, nous désapprouvons formellement la maintenance d’un chirurgien bleu (Dory) dans le cadre d’une première expérience en aquarium d’eau de mer.

L’ensemble des espèces proposées ci-dessous a été sélectionné en prenant en compte les problématiques écologiques potentielles. Une espèce est menacée à l’état naturel mais les individus disponibles dans le commerce sont à présent tous issus de l’élevage.

Pour les individus prélevés dans la nature, habitudes alimentaires et comportementales doivent être respectées de manière stricte pour permettre une adaptation optimale à une vie en aquarium.

L’aquariophile doit ainsi s’appliquer à proposer une nourriture et un environnement au plus proche du milieu naturel d’origine pour s’assurer du bien-être de ses animaux.

A savoir : La longévité des poissons marins

Le deuxième point à prendre en compte avant de vous lancer dans la réalisation d’un aquarium récifal est l’espérance de vie des espèces marines.

Contrairement à la plupart des poissons d’eau douce disponibles dans le commerce, les poissons marins peuvent atteindre des âges considérables. Des poissons-clowns ont vécu plus de 12 ans en captivité. A titre d’exemple également, le gobie nain jaune, atteignant à peine 4cm, peut vivre jusqu’à 8 ans.

La tenue d’un aquarium récifal est donc un projet à considérer sur plusieurs années.

Les espèces pouvant vivre en nano-récifal

Le gobie jaune (Gobiodon okinawae)

Gobiodon okinawae © Richard Zerpe
Gobiodon okinawae © Richard Zerpe

Ce gobie nain est un excellent pensionnaire pour un aquarium récifal. C’est un tout petit poisson qui ne dépasse pas les 4 cm. Dans la nature, il passe son temps posé sur les coraux du genre Acropora en se nourrissant des petits crustacés venant trouver refuge parmi les branches des coraux.

Même s’il est très paisible et sociable, il n’en reste pas moins territorial, il est bon de ne pas maintenir plus d’un couple formé dans un aquarium d’eau moins 100 litres.

Il s’alimente de nourriture vivante ou congelée, principalement de micro-crustacés (copépodes, mysis, gammares, artémias).

Volume minimum : 50 L
Longévité : entre 5 et 8 ans

Les plus
  • – Cette espèce convient parfaitement aux aquariums de type nano-récif.
  • – La reproduction en aquarium est possible.
  • – Les relations inter-spécifiques sont bonnes, exceptées avec des petits poissons territoriaux vivant dans la même zone.
A savoir
  • – La présence de coraux branchus du genre Acropora est souhaitable. Si vous n’en trouvez pas, proposez lui quelques roches sinueuses ou encore un squelette d’Acropora pour qu’il puisse se poster entre les branches.
  • – Il est fréquent que les couples mangent quelques polypes et mettent a nue une petite zone sur l’Acropora pour pondre leurs œuf. Il faut donc leur offrir un corail de belle taille pour éviter un impact trop négatif sur ce dernier.
  • – Il n’accepte quasiment jamais de nourriture sèche.
  • – C’est un organisme hermaphrodite protogyne, c’est à dire que les nouveaux nés sont tous des femelles et les plus gros spécimens deviennent mâle.

Les poissons pour aquariums récifaux classiques

Le poisson-clown (Amphiprion ocellaris)

Amphiprion ocellaris
Amphiprion ocellaris © François Libert

Le poisson-clown est un choix intéressant pour débuter un aquarium récifal. Ce petit poisson rencontré dans le centre du bassin Indo-pacifique est très paisible et peut être maintenu dans un volume relativement faible.

Attention aux relations intra-spécifiques, dans un bac de 140 litres il est conseillé de maintenir au maximum un couple.

Astuce : Pour être sûr d’avoir un couple, vous pouvez introduire dans l’aquarium deux individus de taille différente.

Volume minimum : 140 L (pour un couple seul)
Longévité estimée : plus de 12 ans

Les plus
  • – Le poisson-clown est un poisson résistant
  • – Il est parfaitement adapté à l’aquarium récifal.
  • – Les relations inter spécifiques sont excellentes.
  • – Facile à nourrir, il acceptera un vaste panel de nourriture carnée de préférence
  • – Une grande partie des poissons disponibles proviennent de l’élevage et ne sont pas prélevés dans la Nature.
A savoir
  • – Il est conseillé de le maintenir avec une anémone ou un corail avec de longs polypes pour lui permettre de se loger dedans. En effet, une particularité de ces poissons résident dans leur relation de mutualisme avec certaines anémones.
  • -Le poisson-clown est un organisme protandrique, ce qui signifie que les nouveaux nés sont tous des mâles, les plus gros spécimens deviendront femelles.

Le poisson-cardinal de Banggai (Pterapogon kauderni)

Pterapogon kauderni, Indonesia
Pterapogon kauderni, Indonesia © François Libert

Ce poisson star de l’aquariophilie récifale est très facile à maintenir en captivité. Il est résistant aux maladies et au stress. Toutefois, il convient de le maintenir en présences d’espèces au tempérament calme.

Ses relations inter-spécifiques sont excellentes, les autres poissons sont ignorés. Par contre il est extrêmement territorial avec ses congénères. Il est déconseillé de maintenir plus d’un individu dans un aquarium de moins de 200 litres.

Il acceptera tout type de nourriture fraiche ou congelée du genre artemia, mysis ou krill.

Volume minimum : 140 à 200L
Longévité estimée : Autour de 5 ans

Les plus
  • – Facile à acclimater.
  • – Résistant aux maladies.
  • – Sa reproduction est possible en aquarium. C’est un incubateur buccal, c’est à dire qu’il garde la ponte et les alevins jusqu’à un certain stade de développement en sécurité dans sa bouche.
  • – En danger critique à l’état naturel, la totalité des poissons disponibles proviennent de l’élevage et ne sont plus prélevés dans la Nature.
A savoir
  • – La présence d’un oursin diadème est un plus pour son bien être. Il aime se poster à proximité pour en avoir la protection de plus les jeunes s’y réfugient pour se protéger lorsqu’ils se sentent menacés.
  • – La forte territorialité limite leur population dans les bacs trop modeste.
  • – Il peuvent être acclimatés à la nourriture sèche avec un peu de patience.

Le serran royal (Gramma loreto)

Serran royal (Gramma loreto) © François Libert

Ce poisson des caraïbes d’environs 8 cm est un hôte recommandé pour un aquarium récifal de taille modeste. C’est un poisson robuste et pacifique avec la plupart des autres poissons, il faut toutefois être prudent quant à sa cohabitation avec des espèces présentant une robe similaire.

Les relations intra-spécifiques sont très mauvaises. Il faudra disposer d’un bac d’au moins 500 litres et fournir de nombreuses cachettes si vous souhaitez maintenir plusieurs spécimens.

Volume minimum : 150L
Longévité estimée : Autour de 5 ans

Les plus
  • – Acclimatation très facile
  • – Reproduction possible en aquarium (les alvins sont toutefois compliqués à nourrir les premiers jours)
  • – Poisson carnivore facile à nourrir. Il accepte rapidement les aliments secs et aussi être nourrit avec de la nourriture vivante ou congelée.
  • – Adaptés au récifal comme au Fshe Only
A savoir
  • – Bien qu’il puisse être maintenu en bac communautaire, on préférera l’associer avec des poissons calmes. Dans le cas contraire il passera le plus clair de son temps caché dans les roches.
  • – Très agressif en intra-spécifique, la constitution d’un couple peut poser problème. Un bac de 250L convient pour un couple formé.

Les blennies du genre Salarias

Starry Blenny – Salarias ramosus © François Libert

Ces blennies sont toutes exclusivement herbivores. Les colorations varient en fonction des espèces. Ces poissons curieux sont particulièrement intéressants à observer.

Généralement territoriaux, ils n’hésitent pas à attaquer leurs congénères. Ils sont pacifiques avec les autres poissons et invertébrés. Ils peuvent même se montrer craintifs en cas d’agitation. Comme pour le Gramma loreto, il est préférable de les associer à des voisins calmes.

Volume minimum : 150L
Longévité estimée : Entre 4 et 8 ans

Les plus
  • – Très bon alguivore qui peut aider à maîtriser la pousse des algues.
  • – Poisson caractériel curieux
  • – Relations inter-spécifiques bonnes
A savoir
  • – Il est quasiment impératif de fermer le bac car il peut très facilement sauter hors de l’eau.
  • – Incompatible avec les gobies.
  • – Son agressivité intra-spécifique rend compliqué la maintenance simultanée de plusieurs individus. Pour l’envisager, il faudra prévoir un bac d’au moins 500 litres avec beaucoup de cachettes.

Le poisson-bécasse à carreaux (Oxycirrhites typus)

Oxycirrhites typus © Bernd Hoppe

Le poissson-bécasse à carreaux tire son nom de sa bouche allongée et pointue rappelant le bec de la bécasse. Dans la nature, il passe son temps perché sur les gorgones camouflé par sa robe quadrillée.

En aquarium, il acceptera volontiers la nourriture congelée comme des artémias, des mysis ou encore des moules. Pour maintenir plusieurs spécimens ensemble, il faudra envisager un aquarium de taille conséquente pour que chacun puisse occuper son territoire. Les relations inter-spécifiques sont bonnes. Une fois habitué à son environnement, il présente un comportement très familier, n’hésitant pas à venir réclamer la nourriture lorsqu’on s’approche du bac.

Attention à la constitution de votre population, ce poisson d’une dizaine de centimètres est un chasseur, capable de fondre sur sa proie à très grande vitesse. Il est intéressant de lui proposer de la nourriture vivante pour pouvoir observer ce comportement typique

Volume minimum : 450L
Longévité estimée : Autour de 6 ans

Les plus
  • – Robuste et résistant aux maladies
  • – Compatible en FO et en récifal
  • – Comportement de chasseur
A savoir
  • – Il est bon de lui proposer une structure rocheuse ramifiée rappelent les coraux du genre Acropora pour reproduire son milieu naturel. La présence de gorgone est un plus non négligeable pour sa maintenance.
  • – Attention à la cohabitation avec des petites crevettes qui risqueraient de finir dans le menu du chasseur….

Le poisson-chirurgien Ctenochaetus flavicauda

Ctenochaetus flavicauda

Ce poisson-chirurgien est l’un des plus à l’aise dans le cadre d’une maintenance. Il est robuste, d’une taille modeste (12 cm), et contrairement aux Acanthurus et Paracanthurus, ce n’est pas un nageur en pleine eau.

C’est également un excellent alguivore qui passe son temps à brouter dans l’aquarium. Dans un aquarium de plus de 800 L, il peut être maintenu en petit groupe de 3-4 individus. Même si des petites joutes peuvent éclater de temps en temps, il est plutôt pacifique.

Volume minimum : 300L (un seul poisson-chirurgien)
Longévité estimée : Plus de 20 ans

Les plus
  • – Robuste, il est un des chirurgien les moins enclin aux points blancs.
  • – Facile à nourrir, il accepte les feuilles de nori, les épinards ou les laitues de mer.
  • – Convient à l’aquarium récifal et aux Fish Only.
  • – Les relations inter-spécifiques sont globalement bonnes.
A savoir
  • – Un complément en artémia peut-être proposé de temps en temps.
  • – Même si ce petit chirurgien n’est pas un nageur de pleine eau, il est important de lui fournir suffisamment d’espace pour qu’il puisse nager.
  • – Ce poisson peut vivre plus de 20 ans !

A propos de l'auteur

Benoit Chartrer est un membre fondateur et pilote le projet Fishipédia. Sorti d'une formation d'ingénieur en physique, il a progressivement changé de spécialisation en se tournant vers les technologies Web. Passionné de voyage et de biologie, il tient également un compte Instagram dédié à la photographie animalière.

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