couleuvre à collier méditerranéenne

Nom scientifique Natrix astreptophora
Descripteur López Seoane
Année description 1884
Statut IUCN NE
Famille Natricidae
Genre Natrix
Natrix astreptophora Natrix astreptophora

Introduction

Comme sa cousine la couleuvre helvétique, la couleuvre à collier méditerranéenne a longtemps été une sous-espèce de la couleuvre Natrix natrix. Elle a été décrite en 2016 à la suite de travaux approfondis sur la morphologie des couleuvres européennes.

Cette espèce est la plus occidentale des Natrix. Elle est présente du sud de la France jusqu'au nord de la péninsule africaine. Les populations des Pyrénées côtoient N. helvetica et partagent une grande partie de son aire avec N. maura. Il arrive que cette espèce s'hybride avec ses voisines.

Elle tient son nom du motif doré en forme de collier derrière sa nuque, une caractéristique partagée avec toutes les couleuvres Natrix. Contrairement à ces dernières, le motif s'estompe rapidement à l'âge adulte. Il existe de nombreuses sous-populations dont certaines sont aujourd'hui menacées, en particulier dans le sud de l'Espagne, dans le nord du Portugal et en Afrique. Dans plusieurs régions, elle est également appelée couleuvre à collier à œil rouge.

Qui est-elle ?

Le genre Natrix

Pendant longtemps, les limites du genre Natrix ont été floues. Tous les serpents d'apparence similaire d'Eurasie et d'Afrique étaient regroupés en son sein. Après une première réorganisation, une partie des espèces asiatiques ont été rangées dans le genre Rhabdophis. Puis finalement, la plupart des espèces asiatiques et africaines ont été classées dans de nouveaux genres (Afronatrix, Sinonatrix...).

Ces réorganisations ont été importantes pour apporter de la cohérence au sein des espèces européennes. À sa suite, seules trois espèces subsistaient : N. natrix, N. maura et N. tessellata. Les deux premières sont exclusivement européennes. La troisième, N. tessellata, est eurasienne. En 1987, une nouvelle espèce, N. megalocephala, a été décrite dans le nord de l'Europe. Cette mise à jour reste sujette à débat.

L'espèce N. natrix est depuis longtemps divisée en un grand nombre de sous-espèces. En 2016, la sous-espèce ibérique N. n. astreptophora a été élevée au rang d'espèce. En 2017, la sous-espèce présente à l'ouest des Alpes, N. n. helvetica, a suivi le même processus. On compte donc cinq espèces décrites en 2021.

Toutes les Natrix sont communément appelées « couleuvre à collier ». Elles n'appartiennent cependant pas à la famille des Colubridae mais aux Natricidae. Ces serpents capables de nager en ondulant le corps sont les serpents les plus à l'aise dans l'eau en Europe. Certains sont spécialistes des apnées, aptitude qu'ils utilisent pour se cacher ou chasser discrètement poissons et amphibiens. En dehors de leurs escapades aquatiques coûteuses en énergie, les couleuvres passent une partie du temps à réguler leur température corporelle au soleil. Ces bains de lumière chauffant favorisent la reproduction et la digestion. Plus les journées sont chaudes et plus l'activité des couleuvres à collier est intense.

Le motif du corps de plusieurs espèces rappellent celui des vipères européennes. Cependant, contrairement à ces dernières, les couleuvres sont parfaitement inoffensives et ne sont pas venimeuses. Les morsures sont très rares, ces espèces préférant prendre la suite que d'affronter leurs potentiels prédateurs. Elles sont différentiables des vipères à leurs yeux avec une pupille bien ronde. La tête est également moins triangulaire.

En plus du motif mimétique avec les vipères, les couleuvres possèdent une panoplie de techniques d'intimidation et de ruses. Certaines espèces imitent les cobras africains ou les vipères quand elles sont menacées. Elles aplatissent leur tête pour mimer celle de leurs lointains cousins. Le mimétisme comportemental avec le cobra semble venir d'un lointain passé durant lequel ces serpents coexistaient en Europe.

Aujourd'hui, la technique permet toujours de tromper certains oiseaux migrateurs venant d'Afrique, méfiants envers les cobras venimeux. Outre cette parade, les couleuvres peuvent se faire passer pour mortes, en faisant couler du sang artificiellement du nez et de la bouche. Elles sécrètent également nombre de liquides odorants et répulsifs.

Chez les Natrix, les femelles sont toujours plus grandes. Lors de la saison du frai, mâles et femelles se regroupent pour copuler. La ponte a lieu dans une zone humide, sous la végétation ou dans un trou. Quand les conditions sont favorables, plusieurs espèces de Natrix peuvent pondre au même endroit. Un fait rarement observé chez d'autres genres de serpent.

Les populations des couleuvres Natrix ont longtemps prospéré avec l'humain. Les techniques d'agriculture ancestrales offraient des conditions favorables (fumier...) à leur hibernation et à la reproduction. Élevés au rang de divinité pendant une grande partie du néolithique, ces serpents ont peu à peu perdu leur aura avec le développement du christianisme. Aujourd'hui, ils ne sont pas menacés à court terme mais la plupart des populations sont en déclin. Les principales menaces sont la pollution agricole, l'assèchement des zones humides et le trafic routier.

Morphologie

  • Taille femelle
    90 - 120 cm
  • Taille mâle
    55 - 85 cm
  • Motif
    tâches
  • Mimétisme
    végétaux
  • Longévité
    25 ans
  • Taille femelle
    90 - 120 cm
  • Taille mâle
    55 - 85 cm
  • Motif
    tâches
  • Mimétisme
    végétaux
  • Longévité
    25 ans

Comment reconnaître la couleuvre à collier méditerranéenne ?

Comme ses congénères, le corps est vert à brun, parfois ocre. Les jeunes sont gris foncé jusqu'à leur première mue.  La partie dorsale est recouverte de tâches ou petits points sombres, alignés sur trois à six lignes longitudinales. Ces motifs s'estompent et peuvent même disparaître au cours de la croissance. Quand ils sont toujours présents à l'âge adulte, ils ne forment pas de barres comme chez N. natrix ou N. helvetica.

Chez les jeunes, un col large blanchâtre à jaunâtre est rehaussé par des écailles noires en triangle. Ce collier s'estompe avec la croissance jusqu'à devenir invisible. Cette transformation intervient beaucoup plus tôt que chez N. natrix.

Une autre manière de l'identifier est la couleur de l'iris, rougeâtre contre brun ou jaune chez les autres Natrix. L'œil est également traversé par une ou plusieurs fines bandes sombres. La couleuvre méditerranéenne compte entre 156 et 166 écailles, contre 168 à 182 chez Natrix natrix. Ces dernières sont carénées, sauf celles de la queue.

Des cas de mélanisme (individus totalement noirs) ont été répertoriés en zone montagneuse. Cette caractéristique pourrait provenir de l'isolation des populations. Dans ces régions reculées, environ 5% des individus possèdent ce coloris.

Différences entre mâles et femelles

Les femelles sont plus grandes que les mâles. Les plus grandes atteignent 120 centimètres, contre 85 chez les mâles. La queue, proportionnellement au corps, est plus longue chez les mâles. Ces derniers possèdent également un plus grand nombre d'écailles ventrales.

Mode de vie & Comportement

  • Sociabilité
    solitaire
  • Rythme biologique
    Diurne
  • Venimeux
    Non
  • Alimentation
    prédateur

L'hibernation est moins longue dans cette région. Elle s'étend de la mi-novembre jusqu'à la fin du mois de février. En Afrique, ces couleuvres sortent parfois de leur hibernation pendant les belles journées d'hiver.

Ce serpent a une activité plutôt diurne, parfois crépusculaire. Il fréquente une vaste variété d'habitats. S'il est moins lié à l'eau que ses congénères, il a tout de même une préférence pour les milieux aquatiques, sa zone de chasse de prédilection. C'est un excellent nageur qui se nourrit principalement d'amphibiens.

Les juvéniles semblent être aposématiques. En cas de danger, ils émettent des substances odorantes signifiant aux éventuels prédateurs leur non-comestibilité, voire leur toxicité. Les gros crapauds, capables de chasser les jeunes serpents, s'éloignent lors de ce type de parade.

Lorsqu'ils n'ont pas pu fuir, les adultes s'enroulent en spirale et abaissent la tête, pour prendre une forme triangulaire à l'instar des vipères. Ils sifflent et lancent des attaques. En dernier recours, ils peuvent simuler la mort pendant plusieurs minutes, bouche ouverte et langue pendante. Ils profitent de la moindre faute d'inattention du prédateur pour fuir.

Les comportements agressifs sont plus communs chez cette espèce, le taux d'agressivité évoluant avec la température corporelle. Lorsque cette espèce mime le cobra, elle est prête à attaquer, bouche fermée cependant.

Ces prédateurs les plus courants sont des rapaces (milans, percnoptères, circaètes), des mammifères (blaireaux, loutres, genettes, martes, chats domestiques) et d'autres serpents (couleuvre de Montpellier).

Reproduction

  • Mode de reproduction
    ovipare qui pond sur substrat caché
  • Taille de la ponte
    6 - 50 œufs

Chez cette espèce, il y a généralement deux périodes de reproduction, la première au milieu du printemps, la seconde en automne. Cette dernière n'est pas suivie par toutes les populations.

La ponte a lieu fin juin et en juillet. Elle comprend entre 6 et 50 œufs, ce nombre varie en fonction de la zone géographique et de la taille des femelles. Elle a généralement lieu dans la végétation en décomposition, parfois dans du fumier. L'incubation dure environ deux mois. À la naissance, les jeunes mesurent en moyenne 15 centimètres.

Espèce inoffensive

Cette espèce ne présente pas de danger pour l'Homme. Lorsqu'elle n'a pas pu fuir, elle peut cependant surprendre par sa réactivité et s'adonner à des parades d'intimidation virulentes. Mais elle ne mord pas.

D'où vient-elle ?

Présence géographique & État des populations

Les populations françaises sont mal connues et cantonnées aux Pyrénées. Dans la péninsule ibérique, la situation varie en fonction des régions. Le nord de l'Espagne ne présente pas de problème particulier. Cependant, les populations du sud subissent les conséquences de la dégradation des milieux aquatiques. L'espèce est considérée comme quasiment menacée en Andalousie et des études sont manquantes pour évaluer la situation en Murcie.

Les enregistrements sont rares dans le sud-est de l'Espagne et dans une large partie du Portugal. Ceci est dû à la raréfaction des points d'eau naturels, à cause des usages agricoles et domestiques. Les populations sont fragmentées et certaines, comme sur l'île d'Ons, semblent même avoir disparu. Parfois, la couleuvre en elle-même n'est pas menacé mais les proies viennent à disparaître à cause de la détérioration des milieux.

Dans les zones où elle est bien présente, on dénombre de nombreux décès dûs au trafic routier. Cette espèce est plus mobile que ses cousines et s'aventurent volontiers dans les différents points d'eau ou zones boisées abritées, en s'exposant de fait à l'activité humaine. Outre ces menaces, une maladie provenant des États-Unis se développe lentement parmi les Natrix européens.

Les populations nord-africaines doivent être étudiées. Elles semblent plus menacées que les Natrix européennes.

Quel est son habitat ?

Caractéristiques du milieu naturel

  • Température
    15 - 30 °C
  • Courant
    Lent et Stagnant

Présentation du biotope

Cette espèce fréquente de nombreux biotopes, en particulier les lisières des massifs forestiers, les zones de broussailles denses, les prairies, les fossés ou encore les étangs. Bien que plus résistantes aux conditions terrestres, ces couleuvres sont plus densément présentes à proximité des zones marécageuses qu'en terrain sec.

Les populations africaines sont capables de résister à des conditions semi-arides. Elles ont toutefois besoin de zones ombragées et humides pour survivre.

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Références bibliographiques

Evolution and phylogeny of the genus Natrix (Serpentes: Colubridae) - D. GUICKING - R. LAWSON - U. JOGER - M. WINK - Biological Journal of the Linnean Society - 2006.

The Fifth Labour of Heracles: Cleaning the Linnean stable of names for grass snakes (Natrix astreptophora, N. helvetica, N. natrix sensu stricto) - Uwe Fritz - Josef Friedrich Schmidtler - Vertebrate Zoology - 2020.

Culebra de collar mediterránea – Natrix astreptophora (López Seoane, 1884) - Juan M. Pleguezuelos - Enciclopedia Virtual de los Vertebrados Españoles - 2018.

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